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Lot Is Closed
58
Jean Paul Lemieux, Train in North Country, c. 1962
Estimate:
CA$110,000 - CA$130,000
Sold
CA$99,000
Timed Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Jean Paul Lemieux
Description
Techniques/Medium
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
49,5 x 129,5 cm / 19 ½ x 51 in
Signatures
signée au bas à gauche; signée et titrée sur une étiquette collée sur le châssis / signed lower left; signed and titled on a label affixed on the stretcher
Provenances: Galerie Agnès Lefort, Montréal
Collection particulière / Private collection, Calgary
Bibliographie/Literature
CARANI, Marie. Jean Paul Lemieux, Québec, Musée du Québec et Publications du Québec, 1992.
GRANDBOIS, Michèle. Jean Paul Lemieux : De silence et d’espace, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2007.
ROBERT, Guy. Lemieux, Montréal, Stanké, 1975.

Il nous faut faire le silence en nous, ce silence profond qui nous permet seul d’entendre le prodigieux silence de l’univers, à la fois austère et splendide, de Lemieux.
– Anne Hébert

Bercé par les rondeurs de la vallée, le tableau Train in North Country de Jean Paul Lemieux promet un voyage au bout de l’été rythmé par le chant des cigales. Déjà au premier coup d’œil, on apprécie toute l’ingéniosité de la composition. Le ciel, qui occupe les deux tiers de la toile, est caressé par un brossage doux et régulier, comme des coups de vent dans l’azur vaporeux. Ce mouvement se prolonge par de petites touches vigoureuses dans la feuillée du bocage et les prés enclos, puis aux confins de l’horizon, où surgit un village diffus. Ce balayage en règle crée un effet de vitesse, tandis que le paysage défile au gré des vallons. Suivant ces formes sinueuses, le regard est redirigé habilement vers le centre de l’aire picturale grâce à l’étroite voie ferrée sur laquelle la locomotive file à vive allure au cœur de la campagne. Un minuscule nuage de fumée s’échappe de la cheminée, puis disparaît dans la lumière brillante. Train de marchandises, petit jouet dans un paysage surdimensionné, ce motif tant chéri par Lemieux plonge le voyageur ou la voyageuse en nous dans une rêverie faite de grands espaces, un ensoleillement sans fin.

L’« effet Lemieux » prend tout son sens dans cette vision pittoresque, où l’espace et le temps, entièrement imaginés par le peintre, se réduisent à quelques lignes et à quelques masses englouties dans un champ texturé au pinceau. Cette vaste étendue – vert mousse, jaune paille, bleu éthéré – se cristallise dans une scène épique d’une simplicité désarmante, mais redoutable, qui ne laisse personne indifférent. Les propos du peintre recueillis par l’auteur Guy Robert sont éloquents quant à la place de ce thème dans son œuvre : « J’ai souvent voyagé en train, parce qu’on a le temps de voir venir le paysage, de le laisser apparaître et s’étaler, puis disparaître. C’est un spectacle fascinant qu’on voit défiler tranquillement sous sa fenêtre. »

Lemieux signe ici un tableau envoûtant qui n’est pas sans rappeler le célèbre Train de midi (1956, coll. du Musée des beaux-arts du Canada) et Le Rapide (1968, coll. du Musée national des beaux-arts du Québec) – sans compter les innombrables champs solitaires, qui sont légion dans son corpus. « Ses espaces dépouillés sont dès lors une alliance de contenus figuratifs métaphoriques, d’un expressionnisme transcendantal à la manière des œuvres abstraites », écrit l’historienne de l’art Marie Carani. À cette époque, Lemieux, qui trouve les formats classiques « ennuyeux », s’intéresse de plus en plus aux supports de format atypique et aux cadrages cinématographiques, qu’il met au service d’une rigueur formelle traduisant une conception très personnelle du monde.

À la fin des années 1950 et durant toute la décennie suivante, la réputation de Lemieux ne cesse de croître de façon spectaculaire aussi bien à l’étranger qu’au pays. Des expositions exclusives lui sont consacrées à Montréal, à Québec, à Toronto et à Vancouver et ses œuvres figurent dans quatre expositions biennales du Musée des beaux‑arts du Canada. Ses tableaux sont intégrés à des expositions d’art canadien à la Biennale de São Paulo, à l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles, au Museum of Modern Art de New York, à la Tate Gallery de Londres et au Palais Galliera de Paris. L’artiste représente le Canada à la Biennale de Venise en 1960. En 1966, il devient membre de l’Académie royale des arts du Canada; en 1967, il est décoré de la médaille du Conseil des arts du Canada; et en 1968, il est fait Compagnon de l’Ordre du Canada.

(Annie Lafleur)

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We must create a silence within us, a deep silence that lets us hear the tremendous silence of Lemieux’s splendid and austere universe.
– Anne Hébert

With its gently undulating valley, Train in North Country by Jean Paul Lemieux holds the promise of a voyage to the end of summer cadenced by the songs of cicadas. The ingenuity of this painting’s composition is immediately apparent. Occupying two thirds of the canvas, the sky is composed of soft, regular brush strokes that mimic the wind gusting through its hazy azure. This movement continues in the form of smaller, vigorous touches depicting the wooded countryside and enclosed fields, and at the edge of the horizon where a small town appears through the diffused light. This clean, sweeping motion creates the illusion of speed as the land spreads out from one dale to the next. Gliding along these sinuous forms, our gaze is deftly redirected toward the middle of the pictorial plane by narrow train tracks that carry the swiftly moving locomotive through the heart of this rural setting. A thin puff of steam rises from the train’s smokestack before disappearing in the bright light. Whether a freight train or a small toy in an oversized landscape, Lemieux’s fondness for this motif immerses the traveller in us in a daydream filled with wide open spaces and endless sunny days.

The “Lemieux effect” takes on its full meaning in this picturesque scene, in which space and time, entirely imagined by the artist, are reduced to a few lines and a few sunken masses in a brush-textured field. The vast expanse of mossy green, straw yellow, and ethereal blue is crystallized in an epic scene of disarming yet impressive simplicity that is undeniably remarkable. As Guy Robert noted, Lemieux’s own words eloquently describe the significance of this subject in his work: “I’ve often travelled by train because you have the time to see the landscape coming, to let it appear, spread out, and then disappear. It’s a fascinating spectacle that simply floats past your window.”

This masterful painting inevitably brings to mind his celebrated Train de midi (1956, collection of the National Gallery of Canada) and Le Rapide (1968, collection of the Musée national des beaux-arts du Québec), not to mention the countless deserted fields that are legion in his work. In an essay about this period, art historian Marie Carani states, “His desolate landscapes are a melding of metaphorical figurative content whose expressionism is as transcendental as abstract art.” At that time, Lemieux, who felt uninspired by traditional formats, became increasingly drawn to atypical sizes and cinematic framing, which reinforced the formal rigour that translated his very personal worldview.

In the late 1950s and throughout the decade that followed, Lemieux’s reputation grew exponentially, both at home and abroad. He was honoured with solo exhibitions in Vancouver, Toronto, Montréal, and Québec City, and his works were included in four biennial exhibitions at the National Gallery of Canada. His paintings were also shown in exhibitions on Canadian art at the São Paulo Biennale, the Brussels World Fair, the Museum of Modern Art in New York, the Tate Gallery in London, and the Musée Galliera in Paris. He also represented Canada at the Venice Biennale in 1960. In 1966, Lemieux became a member of the Royal Canadian Academy of Arts. In 1967, he won the Canada Council Medal, and in 1968 he was appointed a Companion of the Order of Canada.